Afin de prévenir le risque de troisième vague suite au retour des vacances de Noël, Jean Castex a suggéré mardi 15 décembre sur Europe 1 de ne pas envoyer les enfants à l’école jeudi et vendredi. Une mesure arbitraire qualifiée de « demi-décision » en raison de son incapacité à avoir un réel effet sanitaire. Lors d’un entretien avec RTL, Blanquer a contredit Castex en rappelant que « la règle reste celle d’aller à l’école » et en précisant que ces absences ne seraient pas imposées mais tolérées. Critiquée par les syndicats, les professeur.es et les parents d’élèves, cette proposition entrave la continuité pédagogique des élèves, sachant que ces deux derniers jours sont souvent réservés aux examens.

Dans un article de Challenges, « Céline, professeure d’histoire-géographie dans une ville moyenne du Haut-Rhin explique que dans son collège classé REP+, un brevet blanc est organisé mercredi et jeudi. "Soit il y a école, soit il n’y a pas école et on ferme les établissements", a-t-elle relevé ». De plus, cette mesure est inégalitaire car elle ne concerne que les parents qui pourront faire garder leurs enfants. Le manque de coordination entre Blanquer et Castex témoigne des contradictions du protocole étatique mis en place pour gérer la crise sanitaire.

Cette mesure proposée par le Premier Ministre, dans la continuité du nébuleux « auto-confinement » est dans la droite lignée de l’ensemble de la gestion catastrophique de la crise sanitaire par le gouvernement. À nouveau, Castex en appelle à la responsabilité individuelle. Une façon de déplacer la culpabilité de l’État dans cette crise sanitaire sur celles et ceux qui en sont victimes. La fameuse « discipline des français.es » que les médias invoquent à tout va est vide de sens quand on considère le peu de moyens financiers qui sont alloués à l’éducation, aux hôpitaux et autres services publics.

Lors de son intervention à RTL, Blanquer précise que cette mesure ne s’applique pas aux professeur.es qui « ne sont pas plus contaminés que dans d’autres métiers ». Évidemment. Dans ce confinement-MEDEF, la santé de la classe travailleuse est considérée comme une variable ajustable au profit du maintien de l’économie, déjà fortement en crise. Les grèves de l’éducation en novembre dénonçaient le manque de locaux et le sous-effectif du personnel enseignant, qui ont conduit à l’impossibilité de tenir les protocoles sanitaires. Cette mobilisation, renforcée par celle des AED et du personnel de vie scolaire a, dans un premier temps, fait plier Blanquer qui a accepté qu’au lycée les cours soient tenus en demi-groupe. Mais presque aucune de leurs revendications n’a été prise en compte par le gouvernement. L’école étant un lieu de contamination qui met en danger les élèves et le personnel, il serait indispensable de débloquer des fonds pour mettre en place une gestion sanitaire à la hauteur.