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« On est à bout »

5ème vague : des milliers de soignants mobilisés contre la casse de l’hôpital public à Paris

Samedi 4 décembre, 6 000 soignants venus de toute la France étaient mobilisés à Paris, pour dénoncer la situation catastrophique dans les hôpitaux et exiger des conditions de travail et de soins à la hauteur du nouveau rebond de l’épidémie.

Olive Ruton

6 décembre 2021

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Crédits Photo : Anne-Laure Dagnet / Radio France

Ce samedi, ce sont 6 000 soignants, qui ont défilé à Paris à l’appel des syndicats de la santé. D’autres manifestations ont également eu lieu dans plusieurs villes de province comme Bordeaux. Elles avaient toutes pour mot d’ordre la défense de l’hôpital public.

Parmi les soignants présents dans les rues de Paris, s’expriment un épuisement et une inquiétude généralisées alors que depuis des années, ils tirent la sonnette d’alarme sur leurs conditions de travail et de soin. En effet, la pandémie de Covid-19 a poussé à son paroxysme la détresse de ceux qui ont dû accueillir les vagues successives de malades sans moyens et sans les effectifs nécessaires. « Ce mouvement arrive au moment où les professionnels sont à bout », déclarait dans ce sens Jérôme Marty, président de l’UFML (syndicat de médecins libéraux et hospitaliers) à Franceinfo.

Les témoignages des soignants sont équivoques. « On voit bien maintenant qu’on ne peut plus soigner les patients comme on voudrait : il y a des fermetures de lits, une hémorragie de personnel… J’ai des collègues qui pleurent quand ils viennent travailler, ils sont épuisés professionnellement. D’autres sont en arrêt, et ceux qui sont encore là comblent les manques et finissent eux aussi épuisés au travail. » témoignait Nathalie, aide-soignante en réanimation, auprès de France 24. Torrent de démissions, dépressions, burn-out, propos suicidaires voire tentatives de suicides, les conditions de travail sont littéralement devenues insupportables dans le secteur de la santé et notamment l’hôpital public.

Au-delà du surmenage que subissent les soignants, ce sont les conditions de soins indignes que cela induit pour des milliers de patients qui sont au cœur de la colère des manifestants. « Des patients qui attendent de nombreuses heures sur des brancards alors qu’ils ont des suspicions d’AVC, et qui ont des séquelles à cause de l’attente » rapporte une jeune soignante au micro de France 2 dans la manifestation. Cette situation de maltraitance, de tris, d’abandon forcé de certains patients, qui conduisent même à la mort de patients dans les couloirs des hôpitaux, les soignants de l’ensemble du territoire la décrivent avec la même rage.

Et en ce 4 décembre, avec la montée fulgurante de la cinquième vague de Covid-19, la détresse n’en est que plus grande pour ces milliers de soignants. Alors que sur cette journée le cap des 50 000 contaminations en 24h a été franchi, et que la moyenne des contaminations sur les 7 derniers jours était à 40 000 en 24h (un niveau inégalé depuis novembre 2020), c’est avec moins de ressources que jamais que l’hôpital est une nouvelle fois frappé par l’épidémie. « Une nouvelle vague arrive tranquillement, et concrètement, on ne la supportera pas », annonce Sophie, infirmière, au micro d’Europe 1 assure-t-elle. « On va devoir faire des tris et ce n’est pas possible. Ce n’est pas dans notre nature de soignant. »

Cette situation catastrophique à l’hôpital est la conséquence directe de la casse de l’hôpital public, du manque de personnel, des plus de 5 700 lits d’hospitalisation supprimés au cours de l’année 2020 en plein cœur de l’épidémie de Covid-19. Une situation par ailleurs criante depuis des mois et autour de laquelle le Ségur de la Santé n’a été qu’une vaste opération de communication pour tenter de calmer la colère des soignants, comme ils le dénoncent dans la manifestation parisienne : « C’est la carotte qu’on nous donne pour avancer, mais qui ne sert à rien. ». Loin des mesures cosmétiques accordées en juillet 2020, ce sont des augmentations de salaire conséquentes, des embauches massives en CDI, des ouvertures de lits et la réouverture des services fermées que demandent les soignants en urgence. Des revendications restées jusque là sans réponse, y compris après une entrevue avec un conseiller mandaté par Olivier Véran.

Face aux gouvernements qui ne cessent depuis des décennies de mener leurs politiques de dégradation des services publics, ce sont des moyens à la hauteur des enjeux - des vies des patients qui se jouent dans les services hospitaliers chaque jour - que l’on doit continuer d’exiger. Loin des politiques libérales qui n’ont comme objectif que le profit, ce sont aux travailleurs du terrain, soignants et aux usagers des services de santé de décider du plan pour l’hôpital. Décidés à arracher le nécessaire pour les services de santé, les soignants seront aussi mobilisés les 7 et 11 décembre prochains.


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